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  Le 3 aout prochain, le président de la République François Hollande rencontrera son homologue allemand Joachim Gauck au Vieil-Armand (Alsace), à l'occasion du centenaire de la Grande Guerre. Cette cérémonie fait suite au refus indirect de l'Allemagne d'organiser une commémoration européenne à Sarajevo le 28 juin 2014, en souvenir de l'étincelle qui déclencha une des pire catastrophe de l'Histoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  A la veille du centenaire de la Grande Guerre, comment l'Allemagne envisage t-elle de commémorer ce qu'elle considère comme la "catastrophe originelle du XXéme siècle"? Que reste t-il exactement aujourd'hui de cette guerre dans l'esprit des allemands?

Commémorer ou non la "catastrophe originelle" du XXème siècle ?

La volonté de rester sobre

En septembre 2011, Joseph Zimet, adjoint au directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives, remet au président Nicolas Sarkosy un rapport dans lequel il fait une proposition de commémorations possibles pour le centenaire de la guerre 1914-1918.

Il y émet l'hypothèse d'une "ouverture européenne, à Sarajevo, le 28 juin 2014 [...] pour une commémoration de l'evènement déclencheur de la Première Guerre Mondiale". Celle-ci sera finalement abandonnée, face à la perplexité de l'Allemagne, pour qui cette guerre restera "le prélude d'un siècle noir".

 

S'étant entièrement déroulée en dehors de son territoire, la Grande Guerre n'a pas eu au départ un grand impact de culpabilité dans l'esprit des allemands. Elle restait plutôt une défaite injuste accompagnée de sanctions écrasantes pour un conflit duquel ils ne se sentaient pas responsables. Ce traumatisme fut entretenu et exploité par Hitler pour fonder les raisons d'une seconde guerre mondiale très vite déclenchée.

Après l'horreur de la période nazie, la guerre 14-18 est entièrement passée dans l'oubli. On retrouve en effet dans chaque village un monument en souvenir des crimes nazis mais aucun monument aux morts ou cimetière de guerre de la Première Guerre n'est à relever. La "Grande Guerre" n'a jamais été telle pour les Allemands.

 

Le centenaire qui débute cette année accompagné de la collecte Europeana réveille chez les allemands l'interêt pour cette guerre. Pourtant, l'état allemand ne prévoit durant cette période aucune commémoration officielle, démontrant ainsi sa prudence face à un excès de nationalisme, qui lui a autrefois couté très cher.

 

De plus, l'absence de ministère de la culture en Allemagne justifie aussi que les seules manifestations prévues sont organisées par les Länder, et restent de type culturel et régional.

 

 

La volonté de tirer des leçons

Pour F.W Steinmeier, ministre allemand des affaires étrangères, "notre Planète est toujours un lieu dangereux" et il espère que ce centenaire sera pour l'Europe "un avertissement [...] de ce qui peut se passer si hommes politiques et diplomates errent comme des somnambules sans réaliser qu'ils courent à la catastrophe". Dans un contexte économiquement et politiquement tendu en Europe, cela laisse à réfléchir...

 

De ce fait, l'Allemagne désire adresser ses manifestations aux générations futures pour qu'elles gardent en souvenir et ne commettent plus les mêmes erreurs.

Une volonté malgré tout ambiguë

 Le désir allemand de rester sobre dans ses commémorations de la Première Guerre Mondiale demeure toutefois ambigu si l'on regarde à la jeunesse allemande. Pour 90% de jeunes allemands, l'histoire de leur pays se limite aux deux grands conflits mondiaux et à une figure unique : Hitler.

 

Cela pose le problème de l'enseignement de l'Histoire pratiqué en Allemagne, sur lequel nous nous arrêterons la semaine prochaine.

Tomas Jérémie-Maxime Hédin-Jessy Dettwiller-Pierre Acevedo,                                                                                   mai 2014

                     

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